Après mon séjour avec les renards polaires entre photographes il est temps pour un tour de l’Islande en famille. Trois semaines pour suivre la route n° 1 qui contourne l’île avec, bien sur, des arrêts fréquents! Une belle occasion de découvrir des nouvelles espèces de la gent ailée que je n’ai jamais encore eu l’occasion d’observer.

Passereaux

Pipit farlouse(Anthus pratensis)

Ce cousin du pipit des arbres que j’ai parfois l’occasion d’observer chez moi est un petit passereau assez courant en Islande et peu farouche. Les têtes d’angélique sauvage du Hornstrandir font régulièrement office de perchoir, un choix très apprécié par la photographe.

Autant en emporte le vent….

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe)

Le traquet motteux est un autre beau passereau très commun en Islande, assez facile à observer si l’on prend le temps. Pendant l’éternelle attente devant les terriers pour la sortie des renardeaux les traquets étaient souvent la seule distraction….

Bruant des neiges (Plectrophenax nivalis)

Pendant la dernière période glaciaire le bruant des neiges était commun partout en Europe continentale. Aujourd’hui c’est un spécialiste de l’Arctique, avec une répartition circumpolaire pendant la saison de reproduction. Une partie des populations est migratrice, mais en Islande l’oiseau est en partie sédentaire. Le bruant des neiges a beau être une espèce hivernant en France, mais en Creuse il ne fait pas partie des visiteurs de mangeoires hivernales. Ainsi j’étais ravie de croiser mon premier individu autour des lacs d’eau douce dans les montagnes des fjords de l’Ouest. Malheureusement celui-ci n’était pas très coopératif, contrairement à l’oiseau rencontré 2 semaines plus tard en haut d’un col du Landmannalaugar. Devant un panorama à couper le souffle, il était visiblement à la recherche de miettes délaissées par les randonneurs après leur pause gourmande. Allongée sur le sol caillouteux et poussiéreux j’essaie de lui tirer le portrait, chose pas facile avec un petit oiseau très affairé qui n’arrête pas de bouger entre les cailloux. Mon beau-fils, très gêné par mes acrobaties, mais trop poli pour le dire, me met la pression:  »Dépêche-toi, il y a un groupe de randonneurs qui arrive! »

Limicoles et oiseaux de mer

Chevalier Gambette (Tringa Totanus)

La troisième station de notre tour de l’île est un gîte de rêves au fin fond de la campagne islandaise, au nord de la petite ville de Hella avec vues spectaculaires sur Hekla, un des volcans les plus actifs de l’île. Et pas que! Dans les prairies autour nous avons de nombreux voisins ailés. En arrivant le premier soir nous sommes accueillis par les cris énervés d’un chevalier gambette, limicole que j’ai déjà eu le plaisir de rencontrer en Norvège. Il n’apprécie guère notre intrusion sur son territoire et n’arrête pas de se déplacer d’un poteau à l’autre en alarmant bruyamment.

Nous sommes chez lui ici! Ainsi dés qu’un de nous ose sortir sur la terrasse, il arrive pour nous engueuler…

Jeune chevalier
 »Notre » chevalier en action

A mon grand soulagement, je ne suis pas la seule à subir les agressions du chevalier, les mouettes qui parfois s’aventurent dans l’espace aérien au-dessus de la cabane se font expulser tout de suite.

Pas facile de le prendre en photo, car même s’il me poursuit dans mes déplacements dans le jardin, dés que je m’arrête pour le viser il s’envole un peu plus loin, puis encore un peu plus loin….

Barge à queue noire (Limosa limosa)

La barge à queue noire, un bel oiseau limicole avec de grandes pattes et un grand bec est une espèce aujourd’hui très menacée (classée quasi menacée au niveau mondial). En Europe ses effectifs sont en chute libre – en 30 ans 75% de la population a disparu. L’intensification des pratiques agricoles (drainages, engrais chimiques, fauches précoces) est le facteur principal pour le déclin de l’espèce. Les fauches précoces détruisent les couvées au sol et rendent les poussins beaucoup plus vulnérables aux prédateurs.. L’alimentation de base des barges, les insectes, larves et autres invertébrés disparaissent avec le drainage et l’utilisation des engrais et pesticides. Malgré ceci la barge à queue noire reste sur la liste des espèces chassables en France! Qui pourrait encore douter des bonnes intentions des premiers écologistes français? Heureusement, sous la pression des associations de protection de la nature, le moratoire sur leur chasse a été renouvelé pour la période 2020-2021. En France 90% des effectifs nicheurs se trouvent en Marais poitevin et breton et en Brière.

Contrairement à l’Europe continentale, la population islandaise se porte plutôt bien et j’ai pu observer ce limicole fort sympathique à plusieurs occasions. J’ai vécu mes plus belles rencontres avec l’espèce dans le sud-est de l’Islande, dans le jardin de notre gîte de campagne au nord de la ville de Hella. Un soir, en rentrant sous la pluie islandaise, un grand oiseau élegant (70-80 cm d’envergure quand même) se pose sur la pelouse devant la maison, visiblement très mécontent de notre présence. Déjà nous sommes agressés par un couple de chevaliers gambette très territorial dés que nous sortions sur la terrasse, maintenant les barges s’y mettent aussi! Quel bonheur!

Allongée dans l’herbe sous la pluie j’essaie d’immortaliser cette première rencontre sur la carte mémoire. Il faut dire que cet individu est plutôt coopératif, même s’il doit se dire que le bipède couché dans l’herbe mouillée doit être complètement barge…..

Les 3 jours qui suivent, je passe les matins et soirs avec les individus qui habitent les alentours. J’essaie de varier les prises de vue et j’ai très envie de la photographier sur un beau support, devant l’arrière plan magnifique des montagnes enneigées. Mais hélas, difficile de lui faire comprendre que la clôture n’est pas un perchoir idéal!

Courlis corlieu (Numenius phaeopus)

Le chant mélodieux et un peu mélancolique du courlis corlieu résonne encore dans mes oreilles. En Islande ce limicole à bec courbé est une espèce très courante, j’ai pu l’observer un peu partout dans les prairies et pâturages humides au bords des routes. Souvent ils sont posés sur les poteaux de clôture, reconnaissables de loin avec leur bec assez caractéristique.

J’ai eu la chance de pouvoir passer un peu de temps à l’observer de plus prés dans le jardin de notre cabane dans le sud-est de l’île où j’écoutais son chant trillé tout les soirs. Plusieurs couples avaient élu domicile dans les prairies et pâturages autour de la cabane et y élevaient leurs petits.

Je n’ai jamais pu avoir une photo nette des poussins, encore plus vifs que leurs parents et très difficiles à localiser dans l’herbe bien plus haute que ces petites boules de plumes.

La plupart du temps leur présence était trahie par le comportement d’un adulte, qui, tout à coup, cherchait désespérément à attirer mon attention pour permettre à sa progéniture, déjà bien mobile de s’éloigner. Et ça marchait à tous les coups!

Manœuvre de distraction

Les adultes passaient régulièrement du temps sur la pelouse rase, peut-être ici la recherche d’insectes, de vers et d’autres invertébrés était plus facile que dans l’herbe plus haute des pâturages. Contrairement à la pelouse du jardin, où le sol avait été ratissé et bien nivelé pour faciliter la tonte, les prairies autour ont gardé leurs grosses bosses, témoins de l’ancien champs de lave toujours présent sous la terre végétale. Je rêvais d’une photo de courlis posé sur un monticule devant les volcans enneigés, mais malgré le temps passé à l’affût, aucun courlis n’a bien voulu collaborer….

Bécassine des marais (Gallinago gallinago)

En Islande la bécassine des marais est un oiseau assez commun. Par contre c’est aussi un oiseau très discret qui passe la majorité de sa journée bien caché dans la végétation et il est bien plus fréquent de l’entendre ou de l’apercevoir furtivement lors d’un dérangement plutôt que de pouvoir l’observer posé. Dans le Hornstrandir nous en avions rencontré régulièrement dans les étendues de tourbe, quand elles effectuaient des vols en hauteur et on entendait partout ce son très particulier produit par le frottement de l’air sur les rectrices lors de leurs vols en piqué. Certains le décrivent comme un chevrotement sonore, d’autres comme un bêlement de chèvre – dans certains pays (Écosse, Finlande) les noms vernaculaires peuvent être traduits comme  »chèvre volante » ou  »chèvre du ciel ».

Nos observations dans le Hornstrandir ne m’ont jamais permise de la voir de près, mais un soir un individu s’était posé sur le garde-corps de la véranda de notre petite cabane. J’avais entendu ses cris d’alarme réguliers pendant que nous étions en train de manger à l’intérieur et à ma grande surprise mon apparition à la porte fenêtre ne l’a pas du tout inquiétée. Pendant un petit quart d’heure elle est restée perchée sur son point d’observation, j’ai même pu ouvrir la porte sans qu’elle ne bouge d’un poil. Il a du y avoir un autre intrus quelque part…..

Ma deuxième rencontre surprise a eu lieu dans le cimetière d’une minuscule église en tourbe: un petit tour de cache-cache entre les tombes avec 2 jeunes et un de leurs parents.

Sterne arctique (Sterna paradisaea)

Ce premier matin dans le jardin de notre cabane, je pars vers la petite rivière qui limite la parcelle quand soudainement des cris aigus accompagnés de claquements d’une mitraillette me font lever la tête. Un oiseau fin et élancé entame un vol en piqué sur moi, j’ai juste le temps de m’accroupir et de lever mes bras au-dessus de ma tête, il change de direction à quelques millimètres de mes doigts. C’est une sterne arctique!

Les sternes sont connus pour leur agressivité envers les intrus qui (volontairement ou non) s’aventurent trop proches de leur progéniture et n’hésitent pas à faire passer le message avec des coups de becs sur la tête. Ne souhaitant pas l’énerver plus, ni déranger le petit, je bats en retraite pour observer les lieux à bonne distance. Et effectivement, je ne mets pas longtemps à détecter le jeune. Il porte des restes de duvet sur la tête et sur le dos mais il sait déjà voler même s’il manque d’assurance. Surtout les atterrissages restent très maladroits. A quelques mètres de moi le juvénile se blottit dans l’herbe en attendant la prochaine livraison de nourriture de ses parents. J’en profite pour lui tirer le portrait avant le retour de l’adulte.

Et mon petit déjeuner???

Nous venons d’arriver sur le parking de la réserve de Dyrhólaey et dés que nous sortons de la voiture plusieurs sternes visiblement agacées nous tournent au-dessus de la tête, prêts à nous infliger quelques coups de becs. Le parking est au beau milieu d’une colonie, avec beaucoup d’oisillons plus ou moins grands.

Adulte avec prise
Bébés sternes cachées dans l’herbe

Les abords du parking sont protégés afin d’éviter que les touristes s’approchent des nids, mais les sternes ne se contentent pas de cela, elles font tout de suite comprendre à chaque nouvel arrivé qu’ici c’est chez eux! J’admire l’incessant ballet des adultes qui font d’innombrables allers retours entre la mer et le nid afin de nourrir les becs affamés.

La femelle récupère le poisson, c’est elle qui le distribuera aux jeunes

Notre séjour en Islande tire vers sa fin, la petite cabane de bois au pied du Kirkjufell sera notre dernière étape. La piste qui mène aux gîtes à partir de la route passe à travers une colonie de sternes arctiques dont les jeunes ont tout juste pris leur envol. Leurs mouvements sont encore très maladroits et lents, rien à voir avec l’élégance des acrobaties aériennes de leurs parents. Après manger je repars à pied sur la piste, une triste découverte m’attend: Les parents ont beau attaquer les piétons, mais ils ne peuvent rien contre les voitures. Nombreux sont les jeunes qui ont trouvé la mort sous les roues d’une voiture. Leurs cadavres jonchent le bord de la piste. Je suis dégoûtée – nous sommes ici sur une petite piste, à peine assez large pour se croiser et pourtant, l’être humain qui se croit si intelligent n’est même pas capable de ralentir suffisamment pour permettre aux jeunes de s’écarter. Quel gâchis de vies, d’efforts des parents sternes pour élever et protéger leur descendance, tout cela anéanti par des humains sans la moindre considération, sans le moindre respect pour ce qui les entoure.

Jeune sterne sur la piste

Macareux moine (Fratercula arctica)

L’Islande n’est pas le premier pays où j’ai eu la chance de rencontrer le macareux moine – il y a quelques années nous avions passé une journée sur Skomer au Pays de Galle, une l’île réputée pour son importante population nicheuse de macareux. Malheureusement nous y étions trop tard pour les voir sur l’île, en août les petits ont déjà quitté leur nid et les macareux passent le gros de leur temps en mer et ne reviennent que le soir après le départ du dernier bateau. Que des observations de loin à l’époque, qui m’avaient laissé un peu sur ma faim…..

Cette fois j’espérais pouvoir m’approcher un peu plus de ce petit clown très sympathique et si photogénique!

Non loin de Vik, dans la réserve naturelle de Dyrhólaey nous rencontrons les premiers individus, posés dans les falaises. Tout le monde s’empresse de les voir, de les photographier avec leurs portables, même si les oiseaux sont plutôt loins et bien trop hauts pour de belles photos. Le soir notre hôte Martina me donne un tuyau pour un spot plus tranquille.

Nous y allons après manger malgré les nuages noirs qui assombrissent le ciel. A cette époque les macareux ne reviennent qu’en fin de journée sur les falaises, mais les jours sont longs dans le Nord! Malheureusement le beau temps n’est pas au rendez-vous les 2 soirs de notre séjour, peu de lumière avec les nuages et la pluie. Sans surprise père et fils ont décidé de m’attendre dans la voiture – grâce au WiFi et la tablette ils ne s’ennuient pas trop….

Il y a beaucoup moins de monde qu’à Dyrhólaey, (la pluie y est sans doute pour quelque chose) uniquement quelques photographes passionnés. Par contre le chemin se trouve en haut des falaises et si l’on s’approche trop du bord non sécurisé on risque d’atterrir une centaine de mètres plus bas, pas évident de réussir des photos sympas dans ces conditions.

Heureusement les macareux d’ici sont assez coopératifs, ils n’ont pas peur des paparazzis et se posent parfois très proche du chemin, permettant ainsi de réaliser quelques beaux clichés en se contorsionnant dans un équilibre précaire….

Rencontres dans les champs de lave

Lagopède alpin (Lagopus muta)

Notre premier jour de randonnée dans le Landmannalaugar, un des paysages les plus spectaculaires de l’Islande. Après avoir longé un vallon et grimpé le volcan Brennisteinsalda nous traversons un énorme champs de lave (Laugahraun) couvert de lichen pour rejoindre le point de départ. Je ne compte plus les pauses pour admirer et immortaliser les vues qui semblent de plus en plus belles après chaque détour. Je regrette d’avoir traîné mon 100-400 mm toute la journée, quelle idée d’espérer voir un quelconque animal sauvage dans ce paysage lunaire! Il n’ y a pas grand chose à manger dans ces étendues minérales. Les seuls végétaux sont les lichens qui forment de magnifiques coussins gris vert et noir sur les formations de lave et quelques minuscules fleurs et brins d’herbe. Dans les champs de lave, il est strictement interdit de quitter les chemins balisés, malgré son apparence, ce biotope est extrêmement fragile, les lichens ont peiné à s’installer sur la lave pendant plusieurs centaines d’années et ils mettront autant de temps à repousser s’ils sont piétinés.

Lagahraun

Pendant une de mes nombreuses pauses photo un drôle de bruit m’interpelle. Un genre de gloussement très doux que je ne connais pas, je cherche autour de moi, je ne vois rien, mais les petits gloussements sont bien là et tout proche. Le mimétisme du lagopède étant extraordinaire, il me faut quelques minutes avant de le déceler au bord du chemin.

Camouflage parfait

Le plumage moucheté gris-brun de cette femelle se fond complètement dans le paysage. Et bonheur, elle n’est pas très farouche! J’ai le temps de sortir le zoom, et je me rends compte qu’elle ne parlait pas seule, elle est avec au moins 2 poussins! Les poussins n’ont pas encore appris à poser, mais leur maman est déjà une star!

Je suis tout de suite séduite par cet oiseau extraordinaire – Le lagopède est parfaitement adapté à la vie dans des conditions extrêmes, dans des régions qui semblent désertiques et dans des conditions climatiques très difficiles. C’est un maître du camouflage qui change de plumage non pas 2, mais 3 fois par an afin de pouvoir se fondre parfaitement dans son environnement à chaque saison. Ses pattes sont fortement plumées et fonctionnent comme des raquettes sur la neige molle en hiver.

Une relique glaciaire, son aire de répartition se limite aujourd’hui aux régions froides, il est répandu dans le nord de l’Europe (Scandinavie, Islande, Écosse), mais également dans le Nord du continent Nord-américain, en Asie (Arctique russe et certaines régions du Japon) et on trouve des populations isolées dans les Alpes et les Pyrénées.

Faucon gerfaut (Falco rusticolus)

Le faucon gerfaut est le plus grand et le plus lourd de tous les faucons. De ce fait il est particulièrement impressionnant. Son aire de répartition s’étend sur les parties les plus septentrionales de l’hémisphère nord en Eurasie et en Amérique du Nord. Environ un quart de la population européenne niche en Islande, mais avec seulement 400 couples nicheurs pour toute l’île, il reste un oiseau rare et difficile à observer. Vous imaginez alors ma joie en l’apercevant derrière la végétation au bord de la route en roulant! Une joie qui sera de courte durée, car bien évidemment il est difficile de s’arrêter à cet endroit, ceci couplé à l’inertie du conducteur et nous voilà déjà trop loin.  »Mais si on y retourne il sera déjà parti ton oiseau! Ne t’inquiète pas, on t’amènera au musée des oiseaux….. » Je réplique que je les préfère vivants plutôt qu’empaillés, mais voilà, je n’ai pas la majorité.

Après avoir fait le tour du cratère du volcan Hverfjall, je ne peux m’empêcher de repenser à l’observation unique manquée ce matin. Le plus j’y pense, le plus je regrette de ne pas avoir insisté plus.
Je râle:  »Tu m’as déjà fait louper mon faucon gerfaut ce matin! »  »Ton quoi??? »
 »Son piaf » précise avec un grand soupir la voix de mon beau-fils de 16 ans sur la banquette arrière. Je ne sais pas si c’est l’ignorance en matière d’ornithologie de son père ou l’obsession de sa belle-mère pour les oiseaux qui l’exaspère le plus.
 »C’est le plus grand de tous les faucons » j’essaie d’expliquer.  » T’es sûre que c’est le plus gros? »
 »OUI!!! »
 »Bon, dans ce cas là….. »
 »En tout cas je préfère encore chercher des piafs au bord de la route plutôt que de voir d’autres cailloux », rajoute aussi sèchement mon beau-fils. Visiblement après l’overdose de châteaux le pauvre gamin souffre maintenant d’une overdose de champs de lave…. Pour une fois c’est pour la bonne cause et nous remettons le cap vers le secteur du faucon.

Et quel miracle, c’est comme s’il m’avait attendu, nous le retrouvons en haut d’un gros rocher de lave au bord de la route. Cette fois il n’est pas caché derrière les saules, je le vois de loin, j’ai le temps de crier  »stop » et deuxième miracle, le conducteur veut bien s’arrêter. Je l’observe avec les jumelles à partir de la voiture, il nous a vu, mais il ne bouge pas. J’ouvre la fenêtre, sans que ceci ne déclenche une quelconque réaction de sa part. Je sors mon appareil, toujours aucun signe d’inquiétude. J’ouvre la porte de la voiture, centimètre par centimètre, il ne bouge pas. Je me glisse hors de la voiture, toujours aucune réaction. Étonnée, mais encouragée par ce manque de réaction, je tente une approche. Doucement et sans mouvements rapides je mets un pied devant l’autre, chaque pas est mesuré et je m’arrête régulièrement. Mais même quand je lève l’appareil le rapace ne semble pas inquiet. Le bonheur!

Tout à coup je le vois détourner la tête, je suis son regard et je comprends que notre rencontre ne durera pas, une autre voiture s’est arrêtée plus loin et un bipède inconscient et irrespectueux arrive sur nous à grands pas. Même pour un faucon très patient c’est de trop, il fiente, s’ébouriffe et s’envole vers le fond du champs de lave. J’ai l’impression d’être au Canada, où l’on ne pouvait s’arrêter au bord d’une route sans provoquer l’arrêt d’autres voitures par pure peur de manquer quelque chose! Je peste contre cet individu sans scrupules qui semble même étonné de m’avoir vexée…..

En route vers le musée des oiseaux nous croisons un autre faucon gerfaut, mais visiblement il est beaucoup plus farouche – dés que la voiture s’arrête il décolle……

5 Replies to “Plumes du Nord”

  1. Bravo Karin , très belles images avec une météo qui semble rester islandaise, tes lagopèdes sont superbes et le commentaire toujours instructif , jacques

  2. Après la magie des renards, celle des oiseaux. Rien ne t’arrête !
    J’apprécie beaucoup les images du chevalier, courlis et barge, des oiseaux fréquents chez moi mais rarement approchés d’aussi près ! Décidément le photographe en France a du mérite, avec cette pression de chasse « traditionnellement » multi séculaire on a généré une faune hautement plus farouche qu’ailleurs dans le monde…
    Le bruant des neiges et la bécassine sont bien saisis eux aussi, et surtout un grand bravo pour le gerfaut, une super satisfaction pour toi après des négociations intra-familiales sans merci !
    Enfin la série lago, couronne le tout avec en plus la rareté des poussins. Exceptionnel !
    Ce sont de bons moments bien racontés, et des images toujours très soignées.
    J’ai hâte de découvrir ton prochain reportage, me voilà abonné !

    1. Merci beaucoup Loïc, je suis ravie de te compter parmi mes abonnés!!! Et j’espère qu’un prochain reportage suivra, c’est beaucoup de travail, donc c’est un grand plaisir de savoir que tu les a appréciées! Effectivement les oiseaux là-bas sont moins farouches qu’en France, même si certains sont également chassables (et malheureusement chassés) en Islande, comme le lagopède. Mais je pense l’acharnement n’est pas le même …… A bientôt!

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