La saison du brame a commencé et pour me remettre dans le bain je parcours mes photos prises lors de la saison 2018. Que de bons souvenirs…. en regardant mes photos je revis les rencontres avec la même émotion.

26 Septembre: Ma première sortie ce soir, j’avance sur le chemin. Chaque pas est mesuré, car le moindre bruit, le moindre crissement d’une feuille, le moindre craquement d’une branche peut mettre tout le monde en fuite et le reste de la forêt en alerte. Je contourne un pré vide. Arrivée de l’autre côté je m’arrête net. Tel qu’un fantôme le roi de la forêt est sorti sans le moindre bruit. Je suis toujours admirative devant cette preuve d’élégance, de souplesse et de discrétion à la fois. Nous avons du mal à nous déplacer silencieusement sur nos 2 pieds, alors que lui il en a 4 et en plus il doit porter ses gros bois encombrants sur la tête!

Tête penché en arrière il pousse son cri d’amour. Je déguste le spectacle, c’est la première fois que je vois un cerf sauvage bramer si prés. Chance du débutant?




Après cette première expérience encourageante je retourne au même endroit le lendemain. Cette fois j’anticipe mieux et je m’installe en affût au bord du pré bien camouflée et bien avant l’heure de sa sortie présumée. Et je ne suis pas déçue, car après une petite attente le voilà de retour ! Encore une fois il me gratifie de ses démonstrations amoureuses, je l’observe pendant longtemps. Quand je peux enfin m’extraire de ma cachette il fait presque nuit. J’avais attendu qu’il se déplace avant de me lever. En partant je l’entends bramer de l’autre côté du chemin. Dans le noir c’est encore plus impressionnant! Son raire ne doit laisser personne indifférent….




28 Septembre: Aujourd’hui ce n’est pas un cerf que je croise en premier, mais un copain photographe. Je l’avais a peine reconnu dans sa tenue de camouflage! Nous poursuivons le chemin ensemble, nous entendons bramer un peu partout autour, ça circule! Toutefois, les cerfs ne semblent pas décidés à se montrer aujourd’hui et nous repartons sans avoir déclenché une seule fois. Nous sommes sur le chemin de retour vers la voiture quand soudainement, un gros rocher couleur fauve, un peu trop arrondi, bouge à une cinquantaine de mètres devant nous. C’est un cerf! Il nous a vu bouger, mais il peine à nous identifier. Quelques minutes de cache-cache entre les arbres, tout juste le temps de lui tirer le portrait et il décide de continuer son chemin…..


Un peu plus loin une biche pose pour nous a son insu. Finalement nous sommes bien contents de notre journée!


Deux jours plus tard j’ai la chance de pouvoir observer un autre cerf, un magnifique 12 cors, entouré de sa harde de biches. L’observation est passionnante, mais il est tôt et, malheureusement c’est une journée très grise, la lumière pour des belles photos manque. Tant pis….




5 Octobre: Un brouillard à couper au couteau, il faut dire que je ne suis pas convaincue de voir grand chose aujourd’hui. Mais sans avoir essayé je ne saurai jamais, donc me voilà repartie à la trace des cervidés. Vu le temps je reste en terrain ouvert, bien camouflée au bord d’un champs j’attends. Comme d’habitude ils attendent l’heure fatidique de mon départ pour arriver ! 3 jeunes daguets, ça se chamaille, ça broute, c’est beau……

9 Octobre: Le ciel est enfin dégagé aujourd’hui, j’ai hâte de retrouver les cerfs. Il faut profiter de la belle lumière tant qu’elle dure, je prendrai le temps de faire un grand tour aujourd’hui. Au bout d’une heure et demi de marche, je n’ai rien toujours rien vu. Je suis sur le point d’abréger ma balade quand, tout à coup, j’entends des branches craquer non loin de moi. Deux cerfs en poursuite, quelle chance! Bam! Cette fois ce ne sont pas les branches qui craquent mais les bois qui claquent! Dans la pente au-dessus du chemin se déroule une petite bataille. Dommage que ce soit derrière les arbres! La peur de me faire repérer m’empêche de trop bouger. Je ne veux surtout pas mettre fin au spectacle! Je m’inquiète pour rien, les 2 sont tellement occupés qu’ils ont oublié toute prudence. Je peste contre les branches et brindilles devant leurs têtes, l’autofocus patine, ce n’est pas la peine d’essayer, impossible d’avoir une photo nette dans ces conditions. Il vaut mieux savourer cette scène exceptionnelle! Les chocs violents s’enchaînent, chacun revendique sa position, mais sur ce terrain en pente celui avec le dos en bas est forcément désavantagé. Ils se poussent, ils se déplacent, ils dévalent la pente, à un moment je crois les voir atterrir à mes pieds, puis un arbre les arrête. La lutte ne dure pas longtemps, l’un des 2 abandonne et disparaît dans la forêt. Le fier vainqueur ne tarde pas à annoncer sa victoire haut et fort. Son raire résonne au-dessus de ma tête.


Tout à coup il regarde dans ma direction, intrigué. Je suis derrière la végétation, mais forcément l’objectif dépasse. Il se déplace, un peu à droite, un peu à gauche, mais ne parvient pas à m’identifier. Finalement il décide de poursuivre ses occupations bien plus importantes!




Un autre jour, une autre rencontre. Assis contre un arbre je le vois arriver suivi de son harem de biches. Elle lui imposent une petite pause de restauration pendant qu’il surveille les alentours.



Plus tard, plus loin, dans un autre secteur je croise un très jeune daguet pas du tout aux aguets….

13 Octobre: Une rencontre inoubliable avec ce 14 cors irrégulier qui a duré pas loin d’une heure. Afin de ne pas trahir ma présence je n’ose pas bouger et je dois composer avec les branches qui m’obscurcissent partiellement la vue. Des moments privilégiés à savourer, car le brame tire à sa fin et après les cerfs redeviendront encore une fois beaucoup plus discrets.








Un dernier affût, nous sommes le 20 octobre et le brame est terminé. De temps en temps on peut encore écouter un intarissable par ici et par là, mais sinon le calme est de retour. Il va falloir attendre l’année prochaine pour que leurs belles voix résonnent de nouveau dans les bois ….

Quelle chance d’avoir près de chez soi ces seigneurs de la forêt !
J’imagine tes émotions
Bravo pour ces très belles photos
Merci beaucoup Jean-Paul, nous avons de la chance car la population de cervidés est en augmentation ici. Malheureusement ce fait n’a pas échappé aux chasseurs, et sous la pression de chasse les cerfs restent très farouches. Mais quelle bonheur de passer du temps en leur présence….